Menacé d’expulsion, le squat du Landy Sauvage lance un appel à la mobilisation

Installé depuis maintenant trois ans, le Landy Sauvage est à l’initiative de nombreuses actions humanitaires, sportives et culturelles dans la ville de Saint-Denis. Il s’inscrit pour cela parmi les squats organisés les plus actifs de la région parisienne. Injustement menacés d’expulsion, « l’arrêté de fermeture à effet immédiat », que les habitants ont reçu de la part de la mairie, est une véritable entrave à la vie associative et culturelle de la ville. Une quarantaine de personnes, dont des familles, risquent de se retrouver à la rue dans les prochains jours.
Par Mylène Brizard
Ce samedi 27 mars, le cortège constitué du Droit au logement (DAL), de plusieurs syndicats (Solidaires) et associations (Solidarité migrants Wilson), accompagné des manifestants, s’est dirigé vers Paris pour la manifestation européenne pour le droit au logement. Le Landy Sauvage, présent, a pu manifester contre son expulsion injustifiée et précipitée. Le collectif de ce squat, démuni, passera en jugement ce jeudi 1er avril. Il essaiera, une fois de plus, de défendre la vie associative, culturelle et humanitaire de la ville de Saint-Denis, qu’il est légitime de vouloir maintenir pour le bien de la communauté.
Durant l’audience, il sera bénéfique au collectif d’avoir la présence des habitants du quartier, ou même de tous ceux et toutes celles se sentant touchés ou concernés, devant le tribunal de grande instance de Bobigny ce jeudi, à 10h du matin. En plus de l’expulsion prématurée et abusive des habitants, cette attaque de la commune engendre des coûts supplémentaires pour le Landy : avocats, huissiers, matériel de sécurité supplémentaire, camions pour la mise en sécurité du matériel précieux. Le collectif lance ainsi un appel aux dons auquel il est possible de participer dès maintenant.
Un espace d’utilité publique
Ce squat est composé de hangars et de bureaux sur une parcelle de 7000m2 qui fut autrefois une société de peinture et un espace de stockage pour les Vélibs de JCDecaux. Transformé en lieu d’habitation depuis 2018, le Landy est connu pour son atelier de réparation de vélos et son demolition derby, la « Bike Wars » : une rencontre sportive ou s’affrontent et se heurtent volontairement des chars à vélo (ou « Mad Max à Bicyclette »).
De nombreuses associations y développent leurs activités, notamment : Utopia56, association de mobilisation pour l’aide aux migrants, s’en sert d’espace de stockage. Les hangars servent de salle d’entraînement pour des associations sportives, de répétition pour des compagnies de théâtre et de cirque émergentes, ou encore d’atelier pour les constructeurs de décors ou de fours à pain. Avant la crise sanitaire, Entraide Citoyenne, un autre collectif, préparait 500 repas chaque samedi pour les distribuer. Une partie des bureaux étaient dédiés aux réunions associatives et militantes. L’entièreté des activités prenant place au Landy Sauvage sont gratuites où à prix libre, ce qui permet à tous un accès à la citoyenneté et à la culture.
Tout l’espace occupé a été repris et embelli par les habitants. Dans la cour à l’entrée, a été installé avec précaution un véritable jardin pour enfants qu’envieraient tous les squares de Paris. Un grand potager, dont s’occupe toute la communauté, borde la clôture. Le parking sert d’emplacement pour des camions de voyageurs venus participer à la vie en communauté avant de repartir. Cet espace multiculturel où il fait bon vivre, sert de toit à plus de quarante personnes, de toutes générations, depuis plus de trois ans.




Des raisons d’expulsion injustifiées
Depuis mardi 23 mars, le Landy Sauvage est soumis à un « arrêté de fermeture à effet immédiat » par la commune. En 2019, une décision de justice autorise les habitants à rester jusqu’en juillet 2021. Aujourd’hui, le lieu est menacé d’expulsion dans la précipitation pour des raisons qui laissent à désirer.
Le bâtiment est considéré comme dangereux par le propriétaire des lieux, l’EPF Ile-de-France, opérateur public foncier des collectivités franciliennes et la municipalité de Saint-Denis, à cause d’un incendie qui s’était déclaré dans les locaux début mars. Sachant qu’un incendie survient toutes les 2 minutes en France et qu’un sur 4 est dû à une installation électrique défectueuse, donc à l’insalubrité… peu de chose que ce départ de flamme accidentel qui n’a fait aucun blessé ?
Une autre raison serait que le quartier Pleyel va connaître de grandes mutations dans les prochaines années. Créations de logements, de la grande gare du réseau de Grand Paris Express ou encore du village olympique de 2024. Bien loin sont les finalisations de ces grands projets : les mises en service étant prévues dans trois ans, pourquoi donc ce départ précipité ? Les raisons de l’expulsion accélérée du Landy sont donc aussi grossières que confuses.
Afin de soutenir le Landy Sauvage, un appel à la mobilisation est lancé ce jeudi 1er avril à 10h devant le tribunal de Bobigny et une cagnotte a été créée en ligne pour aider financièrement le collectif.
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Réalisation : Mylène Brizard
Visuel : Landy Sauvage
Photos : Landy Sauvage
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