SYSTÈME D – La Bike Wars était de retour dans un 93 sous-tension

Alors que ses habitant·es étaient menacé·es d’expulsion quelques jours avant la trêve hivernale, les locaux du Landy Sauvage, anciennement Clos Sauvage, ont accueilli le samedi 16 novembre 2019, la 7ème édition de la fameuse Bike Wars Les menaces d’expulsion ont d’ailleurs parfois mis les préparatifs en pause.

Initié par le collectif du Stendhal, ce rassemblement autogéré d’amateurs et de réels fanatiques du vélo, était de retour à Saint-Denis dans le 93, avec un programme aussi punk que déjanté. L’esprit de cette manifestation alternative est de “créer pour détruire”. Entre récup’ et système D, tout est bon pour contrecarrer les avarices de ce monde capitaliste, en construisant des chars faits de métal et de pneu, prêts à l’affrontement.

« Une bike war, c’est un demolition derby à vélo », où l’objectif principal reste avant tout de s’amuser, tout en se réunissant autour de diverses activités à bicyclettes. Cette année des équipes sont venues spécialement pour participer de Strasbourg, Marseille, Lyon, voire… Amsterdam, à la 7ème édition française de cet événement créé originellement à Berlin en 2006.

Rendez-vous au Landy Sauvage

Le rendez-vous était donc fixé à Saint-Denis au Landy Sauvage pour 14h, alors que la police était déjà sur place, positionnée à l’entrée du lieu auto-géré. Mettant à mal les ambitions de faire se dérouler les diverses activités de la Bike Wars dans un autre bâtiment prévu pour l’occasion. Les forces de police s’en vont finalement, laissant la parade et chars se mettre en branle aux alentours de 16h. C’est parti pour 45 minutes de déambulation, puis retour au Landy Sauvage en guise de plan B.

C’est d’ailleurs dans ses énormes hangars que les chars ont été construits, où une effervescence de passionné·es du vélo ont mis en œuvres de nombreux ateliers, avec des outils mis à disposition sur le bénévolat de chacun·e, pour que les participant·es au derby puissent concevoir et assembler leur char. Quinze jours avant l’événement.

Bike war, tall-bikes, chamboule-tout et concerts

Après quelques réparations dans les ateliers pour ceux et celles qui avaient déjà quelques soucis mécaniques après le défilé, c’est le début des jeux organisés pour tout le monde : enfants, comme grands enfants. Avec notamment les joutes de tall-bikes en extérieur (comme des joutes équestres sur d’immenses vélos) où tout le monde pouvait s’y essayer, mais aussi un chamboule-tout à vélo avec des fûts de bière (vides et en plastique)… Un bon aperçu est visible dans le reportage Bike wars : Mad Max à pédales de l’émission Tracks sur Arte, réalisée lors de l’édition de 2018.

S’en suit enfin la tant attendue bataille de vélos mutants, où chaque concurrent·e monte fièrement son char dans le but de détruire celui des autres, afin de n’être plus que le ou la dernière en selle. Contrairement aux années précédentes, c’est par round, classé par la taille des chars, que le derby s’est déroulé. À la fin de chaque round, cinq au total, il fallait déblayer le terrain après le traditionnel empilement et cassage de char en un énorme tas de ferraille. Fracas sonore et spectacle garantis, finissant sur le jam stoner metal du Bike Warz Band. « C’est un groupe Made In Landy Sauvage qui a assuré la musique pendant le derby, Scream Symbiot, qui gagne à être connu et qui a fait un super concert », explique une habitante du Landy.

Alors que les rappeurs berlinois PTK ont fait l’ouverture juste avant le derby, place au concert avec l’electro-post-punk-new-wave de l’espace des Vulves assassines. C’est ensuite au tour du DJ Groove General qui enchaîne une sélection entre tubes des années 2000 et dancefloor rave, pour clôturer cette Bike Wars 2019. La sonorisation était assurée par le sound system Tekmanta, tandis que le groupe Painal Flatsh assurait les interludes avec un show pyrotechnique aux influences noise, impressionnant.

RÉSUMÉ VIDÉO ÉDITION 2018, by DIXTRACTION

Menacés d’expulsion quelques jours avant la trêve

Les menaces d’expulsion, trois jours avant la trêve hivernale qui ont eut certaines conséquences sur la Bike Wars, soulèvent un problème bien plus profond. Alors que sur la parcelle où se situe le Landy Sauvage depuis mai 2018, « aucun projet n’est programmé avant cinq ans (“horizon 2024”). Son propriétaire, l’Établissement Public Foncier d’Ile-de-France, a lancé une procédure judiciaire et ordonné [l’]expulsion pour le 29 octobre… » apprend un communiqué du collectif. « S’il est évacué, il restera vacant et sans but ».

Cette expulsion aurait mis en péril des associations et des collectifs locaux et d’ailleurs, en activité dans ce lieu de création, de pratique et de représentation artistique et sportive. Cet espace non-marchand propose un soutien matériel et alimentaire, mais aussi d’urgence aux personnes sans abri et en exil dans la région Île-de-France. Le Landy Sauvage abrite également une soixantaine de personnes d’horizons divers, dont des enfants.

Grâce à une grosse mobilisation et une forte occupation du lieu de la part des acteur·rices du milieu squat et alternatif durant prêt de 4 jours, et du soutien qu’assure la mairie de Saint-Denis dans le projet social et culturel du Landy Sauvage, un compromis temporaire a finalement été trouvée. « Sous réserve de la validation puis de la réalisation de travaux de sécurité, les occupant·es pourraient passer la trêve hivernale », explique le site Radio Parleur.

Dans la nuit du 28 au 29 octobre, les 200 résidents de l’ex-foyer Bara, toujours dans le 93, cette foi-ci à Montreuil, se sont fait expulser de l’ancien siège de l’Afpa. Deux jours avant la trêve hivernale.


Article : SYSTÈME D – La Bike Wars était de retour dans un 93 sous-tension
Réalisation : Wanderer
Visuel : Landy Sauvage
Photos : Landy Sauvage, Paul et Pablo pour Mouvances Libres
Vidéos : Dixtraction et Paul pour Mouvances Libres

Mouvances Libres


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