FESTIVAL – Aurillac – Le théâtre de rue enchaîné à l’état d’urgence

32e édition du rendez-vous incontournable d’art de rue, du 23 au 26 août 2017 à Aurillac.
Le théâtre dans l’urgence
C’est donc la deuxième année consécutive que le Festival International de Théâtre de rue d’Aurillac se retrouve enchaîné dans la spirale sécuritaire de cet état d’urgence, aujourd’hui permanent, me semble-t-il important de rappeler. Suite aux attentats qui ont frappé la France ces deux dernières années, le Ministère de l’Intérieur a jugé bon d’accroitre la sécurité des événements qui rassemblent un nombre de personnes conséquent, dans un soucis de protection et de gestion du public. Des mesures autoritaires, dénigrées par les organisateurs, qui entravent les dernières libertés que peut offrir, le temps de quelques jours, un festival culturel de cet envergure.
Ce n’est pas la première fois que la politique sécuritaire et anti-terroriste, employée par notre gouvernement, réduit et contraint le peu de liberté individuelle et collective encore présent dans les rassemblements culturels, artistiques et festifs…
Un filtrage et des contrôles inadaptés à la manifestation
Avec près de 100 000 participants et plus de 600 compagnies répartis sur quatre jour, la sécurité du Festival d’Aurillac se traduit par une présence policière plus que renforcée, ainsi que par l’installation de neuf « points de contrôle piétons » qui quadrillent l’accès au centre-ville, où se déroulent la majorité des spectacles et représentations : interdiction de pénétrer avec des bouteilles et/ou de l’alcool, fouille des sacs obligatoire par des vigiles, le tout sous le regard bien-veillant des CRS…
De plus, bien trop souvent ce dispositif de filtrage et de contrôles s’effectue au faciès, en désaccord total avec les principes du festival, qui brasse un métissage culturel et social impressionnant ! Un déploiement et une emprise des forces de l’ordre démesurés, face aux valeurs véhiculées par le théâtre de rue depuis maintenant plus de 30 ans…
Ce qui devait arriver arriva, un affront entre des festivaliers et les CRS éclate en plein samedi après-midi. Des échauffourées se créent au niveau du point de contrôle principal, dans le but de forcer l’entrée, les bleus répliquent directement en tirant des bombes lacrymogènes, alors que familles et enfants se tenaient à seulement quelques mètres… Les gaz se répandent rapidement dans le jardin des Carmes et les rues avoisinantes, laissant une atmosphère de chaos pour le dernier jour du festival.
Une ville déchaînée
Il n’est pas difficile de comprendre la position nerveuse et craintive des organisateurs, lorsque l’on analyse l’affiche officielle présentant cette nouvelle et 32eme édition… Un fond bleu ciel, sur lequel est placé le traditionnel « bonhomme » d’Éclat qui essaye tant bien que mal de tenir, et si possible d’avancer, tel un funambule sur cette chaîne de fer, symbole d’une réelle oppression, qui ne fait que s’agrandir de jour en jour.
Une semaine après les très sérieux débordements à Bure, dans le cadre d’une manifestation anti-nucléaire, faisant un blessé grave qui risque l’amputation de cinq doigts de pied, il paraît évident d’insister sur l’impressionnant arsenal dont disposent les CRS lors de ce genre d’affrontement, et qu’ils n’hésitent surtout pas à s’en servir…
Alors que la ville d’Aurillac ouvre ses portes ce mercredi 23 août, et ce jusqu’au samedi 26, nous allons voir si nos amis, gouvernement et policiers compris, nous réservent quelques surprises… Commencez à vous préparer à un dispositif « type fan zone, avec palpation à l’entrée » qui sera de rigueur (source : La Montagne). Festivaliers, organisateurs, artistes, artisans, parents, enfants, compagnies et troupes de théâtre, punks et troubadours, sans oublier, vous, les irréductibles aurillacois… Soyez tous ré-unis pour défendre le droit à la fête libre et la libre expression artistique, en prônant le « désordre urbain » au joug de l’Etat.
Wanderer.
Article : Festival d'Aurillac - Le théâtre de rue enchaîné à l'état d'urgence Réalisation : Wanderer Photos : CentreFrance, Figaro, Aurillac, Éclat
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