Techno… toujours pareil

Répression, saisies, amendes, interdictions et annulations : comment bien profiter de son été 2017 (en France) ?
Techno… toujours pareil
La culture techno, sortie des tréfonds de l’underground, ne va pas pour le mieux en cette période estivale. En début d’année, on pouvait lire les messages de Freeform d’alerte rouge concernant les saisies de sound systems, alors que la campagne présidentielle de 2017 battait son plein. Des inquiétudes fondées, qui aujourd’hui, alors que le peuple a élu son nouveau…, je-ne trouve-pas-le-mot, se retranscrivent par une répression plus qu’affirmée par les préfectures et autres acteurs politiques concernés. Un échiquier sans nom, dont la partie est loin d’être terminée.
Un total significatif de 19 saisies
De notre côté, on s’est amusé, à contre-coeur, à dénombrer le nombre de saisies effectives depuis ce 1er janvier 2017. Par saisie, on entend la moindre confiscation de matériel par les forces de l’ordre : génératrice, quelques caissons, amplis ou ordinateurs et, malheureusement, fréquemment l’intégralité du matériel… Trop souvent les autorités agissent comme bon leur semble, ne laissant que peu d’espace au dialogue et à la compréhension. L’important n’est pas la quantité de matériel, mais l’acte de saisie en lui-même est souvent reconnu abusif par les tribunaux.
La dernière démonstration de force remonte à début juin, pour les 15 ans d’un sound system francilien, alors que 100 gendarmes sont intervenus pour mettre fin au rassemblement le samedi après-midi, alors qu’il devait durer jusqu’au dimanche. Au beau milieu du week-end du premier tour des élections législatives, comment le gouvernement aurait-il pu mieux exprimer sa volonté d’oppression ?
Cependant, il serait injuste d’omettre les décès qui ont marqué le mouvement techno en ce début d’année. En premier lieu au Teknival du 1er mai qui s’est déroulé dans l’Indre-et-Loire, puis plus récemment, début juillet en Loire-Atlantique, lors d’une petite free party rassemblant 300 personnes.
Finistère : free party autorisée, au frais des gendarmes mobilisés
Réaction immédiate de Pascal Lelarge, préfet dans la ville de Quimper. Alors qu’une free party déclarée en préfecture depuis de nombreuses semaines, doit se dérouler en ce week-end du 05 août prochain, nos hautes autorités n’ont pas mis longtemps à cogiter à ce nouveau plan d’attaque : ils somment les organisateurs « de régler les coûts d’intervention de la Gendarmerie nationale pour la fête à venir. Soit 12 687€, dont 60% payables d’avance », pour un total de 2 000 participants.
En se ventant de ressortir un décret de 1997, concernant toutes manifestations culturelles ou sportives, la préfecture n’était pas sans surprise de recevoir un refus catégorique de la part des organisateurs. Une somme qui a été à présent revue à la baisse, avec une somme avoisinant les 3 000€, sans acompte, mais qui n’impressionne pas pour autant ces passionnés de musique techno.
Des fêtes estivales interdites
L’hécatombe peut vite continuer quand on s’oriente vers les événements dits légaux, ou festivals. Après l’interdiction et l’annulation de l’Electrobotik Invasion et de l’Area 217, qui devaient respectivement se tenir à Bagnols-sur-Cèze et Brétigny-sur-Orge, c’est au tour du Totemystik d’en subir à nouveau les conséquences… Mauvais dialogue entre les organisateurs et les autorités, non-compréhension des préfectures et pression sur les acteurs locaux, sans parler des interdictions et autres arrêts préfectoraux pour empêcher tout festival de s’implanter. La presse quotidienne va même jusqu’à parler de Teknival ! On voit à quel point le manque de renseignements des journalistes se fond parfaitement avec la stigmatisation perpétuelle de notre mouvement par l’Etat.
Totemystik et répression abusive
Suite à la première interdiction par le Maire de Bellegarde parvenue à 10 jours du débuts des festivités, les organisateurs du Totemystik ont décidé de mettre les voiles direction les Alpes-de-Haute-Provence (lire notre article à ce sujet). Alors que les premières scènes commençaient à s’installer, un arrêté préfectoral est tombé, prônant le risque majeur, et réel, d’incendie dans la région. Par soucis de sécurité, impossible pour les organisateurs de maintenir la manifestation et de mettre en danger le public. Festival annulé…
Là où ça coince, c’est au niveau de la mairie de Bellegarde, les organisateurs avaient-ils été prévenus d’une potentielle interdiction ? Comment réagir consciemment à seulement 10 jours de l’événement, avec près de 8 000 tickets vendus ? Une lourde problématique, dont l’association Totem Production aura du mal à se relever.
Alors que cet article est écrit à chaud, le jour J du festival et de son annulation officielle, nous ne pouvons que vous conseiller de vous laisser guider par les bruits qui courent… L’underground prendra sa revanche d’une manière, ou d’une autre.
Wanderer.
Article : Techno... toujours pareil Réalisation : Wanderer Photos : Mouvances Libres
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