STREET ART – C’est assez bien d’être fou : un documentaire de voyage accessible aux plus jeunes

Le 29 janvier 2020, un documentaire retraçant la vie du street-artiste Bilal Berreni aka Zoo Project sort sur le grand écran, en version “jeune public”. Le film réalisé par Antoine Page, dont la version “tout public” est sortie en 2018, propose de revivre les voyages, les expositions et l’édition des livres graphiques autour de ses œuvres. Bilal a été assassiné en 2013 à Detroit, à l’âge de 23 ans.

Par Jerome J.

C’est sur ce message optimiste, pour ceux qui osent différemment, que nous a quitté de manière tragique à seulement 23 ans le grand street-artiste Bilal Berreni aka Zoo Project, décédé à Detroit en 2013 pour une “banale” affaire de racket dans la rue… Mais ici c’est Detroit, une ville emblématique à la fois de la fracture sociale et raciale américaine, ainsi que de sa culture la plus marginale. On comprendra aisément pourquoi Bilal s’y est intéressé lui aussi. L’industrie, sa récession et les questions raciales ayant créées des générations d’artistes universels de la pop à la techno, tous plus ou moins des précurseurs. Autant vous dire une ville très productive.

Pour quelques dollars volés, on ne verra donc plus les silhouettes qu’il s’amusait à coller sur les murs, les épaves, ou bien encore à accrocher dans les arbres. Nous ne les entendrons plus nous murmurer leurs mille histoires ou juste nous rappeler leur simple existence. Mais il continue de nous faire rêver et de nous inspirer. C’est dans cette optique qu’a été réalisé le documentaire C’est assez bien d’être fou par Antoine Page. Un trip à deux avec Zoo Project dans les pays de l’Est, à bord d’un vieux camion. On vous en reparle plus bas !

Un défricheur

Zoo Project était dans la veine des grands défricheurs tels que Ernest Pignon, Banksy, Keith Haring et autres JR, ou encore Courbet. Il défendait ardemment le droit à la parole au travers de grandes fresques et différentes installations artistiques de son Paris natal, jusqu’au fin fond de la Sibérie. Représentant souvent les silhouettes des oubliés, des martyrs, peintes sur les murs ou flottant au vent sur des tissus suspendus dans les rues comme aux arbres. On se rappellera de ses divers projets en Tunisie ou encore à la frontière libyenne, où Bilal accrochait ardemment les portraits grandeur nature des victimes et des déplacés.

Ses œuvres, même à l’autre bout du monde occidental, nous ramènent à nos propres histoires de manière vivante et ont de fait une portée universelle. Elles questionnent également le rapport à nos espaces publics, de plus en plus sacrifiés à la sécurité, empêchant l’expression de ses propres habitants. D’une certaine manière son travail est à la fois historique, en replaçant des silhouettes humaines dans leur contexte géographique, mais aussi onirique. Ses grands dessins, au moins à taille réelle, nous aident à interroger notre place dans le monde avec par exemple les silhouettes mi-humaines mi-animales accrochées dans les arbres exploitant le mouvement du vent.

Un héritage

Au-delà du fait qu’il ait donné la “parole” à des centaines, voire des milliers d’anonymes, il laisse évidemment une marque presque immortelle dans le regard des gens qui ont croisé ses très nombreuses œuvres de Paris à Detroit, de ses 15 à 23 ans. Depuis on ne remerciera jamais assez sa famille et ses amis de se mobiliser pour lui permettre de s’exprimer librement une toute dernière fois à travers un documentaire de voyage, des expositions et l’édition de livres graphiques sur son œuvre.

Librement parce que le choix de l’équipe de ne pas être sponsorisée leur a permis de faire résonner ses dessins une dernière fois de manière totalement transparente et sincère, tout en célébrant son héritage de façon authentique. Cette version “jeune public 8-15 ans” est une des meilleures dédicaces qu’ils auraient pu lui faire. Bilal se réjouirait certainement d’essayer d’inspirer à la jeunesse une humanité plus libre et égalitaire. 

Ce documentaire réalisé par Antoine Page, pour ceux qui n’auraient pas vu la version “tout public”, retrace un voyage de plusieurs mois jusqu’aux confins de la Sibérie, des montagnes des Carpates au cimetière de bateaux de la mer d’Aral, d’Odessa à Vladivostok. Le tout dans un vieux camion passablement déglingué. « Un voyage artistique, alternant dessins et vidéo, entre road-movie et conte documentaire », selon Télérama.

On ne saurait que vous recommander d’y emmener tous les enfants que vous croiserez sur votre route, dans vos familles, dans vos écoles, dans la rue ou dans d’autres galaxies ! Allez y les yeux fermés mais le cœur grand ouvert. Au-delà de la prouesse artistique, il réveillera à coup sûr chez vous cet irrépressible élan de liberté dont il était un des flambeaux ! La sortie nationale est prévue à partir du 29 janvier 2020 dans sa version jeune public.

Toutes les infos sur le site c’est par ici, et pour toutes les autres actions prévues c’est par là.


Article : STREET ART – C’est assez bien d’être fou : un documentaire de voyage accessible aux plus jeunes
Réalisation : Jerome J.
Visuel : Vito Street
Photos : Zoo Project

Mouvances Libres


Un commentaire

  • A reblogué ceci sur Camille Lysièreet a ajouté:
    La version jeune public de l’inoubliable documentaire d’Antoine Page « C’est assez bien d’être fou » sort en salle le 29 janvier. Je voulais en faire un billet spécial sur mon blog, mais comme je ne ferai pas mieux que Jérome J. du blog « Mouvances Libres », je me contente de partager son excellent article.
    Amis enseignants, demandez la projection dans votre salle habituelle, emmenez vos élèves, vos neveux, enfants, voisins, faites découvrir ce street-artist incroyable qu’était Zoo Project. J’avais vu la version tout public, et j’en garde un souvenir ébloui…

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