URBEX – Interview : J.C.R. Photos


- Nom : J.C.R. Photos
- Discipline : Urbex – Architecture – Voyage
- Localisation : Toulouse
- Naissance : 1987
- Site internet : jcrphotos.weebly.com
- Facebook : jcrphotosurbex
- Instagram : jcrphotosurbex
- Pays visités : Australie, Canada, Etats-Unis, Mexique, Cuba, Guatemala, Maroc, Europe…
Une rencontre singulière
La rencontre, ce premier moment d’échange. Parfois furtif, souvent essentiel, il ne laisse aucune place au hasard, et constitue généralement le début d’une histoire. C’est donc pendant une exploration que tout a débuté, en plein cœur de la résidence abandonnée des Floralies. Quelques phrases, un premier feeling et cette sensation singulière d’espérer se recroiser un jour, qui sait. Pas d’adresse, pas de numéro de téléphone, juste deux prénoms dans l’immensité occitane.
Puis, cette seconde rencontre arrive assez rapidement, au détour du vernissage d’un shop de tatouage à Toulouse. L’échange de coordonnées a lieu, de futurs rendez-vous se profilent, alors que la satisfaction personnelle devient commune. Nous en sommes à présent quasiment certains, c’est bien le début d’une histoire. L’histoire d’une rencontre avec un photographe d’exploration urbaine, d’architecture et de voyages : J.C.R. Photos.
« Je me suis donc trouvé artistiquement dans le monde de l’urbex, grâce à mon goût pour l’architecture et le patrimoine oublié. »
J.C.R. Photos
Le temps des grandes vadrouilles
L’urbex, c’est ce genre de passion qui te pousse à parcourir des kilomètres et des kilomètres, dans l’attente à la fois insoutenable et si motivante de capturer le cliché, celui tant convoité. Jérémy a traversé la France en long, en large et en travers, très souvent accompagné de ses amis Loic Gucciardi et Sylvar C-Webb. Après avoir repéré sur internet, ou entendu par des connaissances, quelques spots susceptibles d’être abandonnés, c’est parti pour la grande vadrouille le temps d’un week-end, allant jusqu’à 1800 kilomètres pour leur plus longue excursion (entre Toulouse et Grenoble).
Suite à un long trajet de nuit, la première exploration débute au lever du jour, alors que les appareils immortalisent les premiers shoots. Les lieux délaissés s’enchaînent, une bonne nuit de sommeil dans un hôtel se fait désirer, et c’est reparti pour un tour. Le temps de rentrer, la tête et les disques durs remplis d’instants capturés et de répertorier sur une carte interactive les coordonnées précises de chaque lieu visité. Une archive plus que nécessaire.
La sauvegarde du patrimoine
Être discret et respectueux, deux mots maîtres dans cette discipline. Combien même, parfois il arrive de tomber par étonnement sur un gardien des lieux, après s’être fait courser par son chien, ou encore de se retrouver face à face avec les forces de l’ordre dans un château délaissé. Instinctivement, les premiers échanges sont tendus et remplis d’incompréhension de la part du défendant.
Pour ensuite laisser place à l’explication de cette démarche artistique, en démontrant qu’elle consiste à réaliser une sauvegarde, voire un hommage, du patrimoine abandonné par l’homme. Avec en ligne de mire, changer l’état d’esprit de l’interlocuteur, en lui expliquant qu’il s’agit uniquement de prendre des photo, tout en s’imprégnant du lieu avec respect, désintéressé de tout vandalisme, vol, dégradation ou autre graffiti.
Généralement ces rencontres inopinées se terminent sur un échange cordial, parfois agrémenté d’indications débouchant sur de nouvelles destinations à explorer.
Interview
– Salut Jérémy ! Quels ont été les éléments déclencheurs qui te font à présent passionné de photographie ?
J’ai commencé par réaliser des clips hip hop dans la région Midi-Pyrénée et aux alentours. C’est la vidéo qui m’a amené petit à petit vers la photo. J’ai longtemps cherché mon style dans ce domaine. Mon premier déclic fût en 2012, lorsque j’ai photographié un incinérateur abandonné à Montréal. Ce moment m’a fait prendre conscience de la chance que j’avais de pouvoir capturer un lieu comme celui-là, malgré ma jeune expérience de photographe. Puis, après le Canada, je suis parti en Australie. C’est durant cette période que j’ai pu réaliser un documentaire photo sur le désert australien ! J’ai ainsi organisé une exposition sur ce sujet à Toulouse, lors de mon retour en France.
C’est aussi à mon retour en France que j’ai réalisé mon attirance pour l’architecture. En effet, l’Australie étant pauvre en architecture, c’est à Paris que j’ai redécouvert cette richesse française. J’avais l’impression d’être un touriste, découvrant pour la première fois la capitale. Je comprends maintenant pourquoi on dit que c’est la plus belle ville du monde !
Je me suis donc trouvé artistiquement dans le monde de l’urbex, grâce à mon goût pour l’architecture et le patrimoine oublié. Plus les années passent, et plus je m’investis dans ce domaine fascinant. Ces lieux abandonnés de l’homme, riches en histoire me passionnent ! En capturant ces lieux je leur rends hommage, en quelques sortes, pour que le souvenir, l’histoire et la sauvegarde du patrimoine abandonné perdurent.
– Comment t’y prends-tu pour découvrir et accéder à des lieux abandonnés ?
Pour trouver quoi photographier, je commence par rechercher les lieux vers chez moi, dans les départements et régions alentours, voire dans un autre pays. Je visionne les revues de presse et les archives du patrimoine, mais je peux aussi découvrir un lieu par le biais de contacts et de discussions. Quelque soit le cas, je n’échange ou ne donne de localisation afin de préserver les lieux de vols ou de graff par exemple… C’est pour les mêmes raisons que je ne publie quasiment jamais de photo extérieure.
Une fois le lieu géolocalisé, j’établis un itinéraire, puis je roule, fonce, fonce… pas trop non plus ! Une fois sur place je prends soin de vérifier que le lieu soit bien abandonné et vide. Dans l’urbex on ne sait jamais comment va se dérouler l’exploration du lieu. Il arrive qu’il soit impossible d’y entrer, je fais donc demi-tour, frustré, mais c’est le jeu.
– Sans trop-réfléchir, cite-moi trois lieux qui ne t’ont pas laissé indifférents après leur visite…
Alors le premier qui me vient à l’esprit est le cloître de l’Orangeraie et sa chapelle, il y a maintenant un an. C’est un bâtiment style romain qui date de 1300 à peu près, la sérénité qui s’en dégageait ne m’a pas laissé indifférent.
Le deuxième, est une ancienne usine de pâte ! ce qui m’a surpris c’est que je ne connaissais vraiment rien de ce spot et a chaque fois que je rentrais dans une salle c’était une sensation de malade, surtout ce long hangar avec ces poteaux métalliques, style Tour Eiffel !
Le troisième est le château diamant, c’est le nom que je lui ai donné. C’est un château magnifique avec son cloître, sa chapelle et ses jardins… au petit matin, avec le levé de soleil, je me suis arrêté de prendre des photos pendant quinze minutes et profité de vivre l’instant présent.
– Parlons un peu de technique…
Pour mon travail j’utilise un grand angle, cela me permet d’avoir du recul et ainsi réussir à capter la matière au maximum. Le trépied est obligatoire pour obtenir un meilleur cadrage. De plus, les endroits photographiés sont souvent sombres. Je prends donc les photos en longue exposition (parfois allant jusqu’à quatre minutes !) pour capter le maximum de lumière possible.
Après vient le post-prod, où je retouche légèrement les captures (les blancs, les ombres, etc.) et fait ressortir ce que je veux mettre en valeur. Niveau appareils photo, j’ai débuté tout bêtement avec un appareil jetable…! Puis j’ai récupéré un hybride de Panasonic, pour finalement investir dans mon actuel Canon 700d.
– T’arrive-t-il de mêler la photographie avec d’autres projets artistiques ?
Je fais également quelques collaborations, comme par exemple avec OneDuse InkLetterz (graffiti et tattoo). Ce dernier pose ses initiales sur de fameux monuments, comme le Capitole, au coeur de la ville de rose. Le fantasme de taguer des lieux comme ce dernier, ou comme un avion en Islande, devient réalité grâce à la photographie. Vous pouvez retrouver les projets de cette collaboration sur mon site : jcrphotos.weebly.com
Afin de toujours plus nourrir ma créativité, je suis en projet avec d’autres artistes comme Nana Origami, qui comme son nom l’indique créer des oeuvres à partir d’origami, ou Skazoo qui produit des dessins et des sculptures. Ces deux artistes font partis de notre association AFALP, composée majoritairement de dessinateurs. Affaire à suivre…

Article : URBEX – Interview : J.C.R. Photos
Réalisation : Wanderer
Visuel : J.C.R Photos
Interview : Wanderer / J.C.R. Photos
Photos : J.C.R. Photos
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