URBEX – Islande : l’avion cadavérique, écorché mais mondialement aimé

Reportage exclusif en autostop entre le nord et le sud de l’Islande, durant le solstice d’été où il fait jour 24h/24. Bien que le sujet soit relativement connu, quelques rectifications sont apportées dans cet article.
Sur le chemin de la visite de la célèbre épave de l’avion de l’armée américaine le Super DC-3/C-117 à Sólheimasandur, dans la continuité de la réputée plage noire de Dyrhólaey, le long de la route 1 menant à la capitale : une rencontre. Un Islandais Sigurdur Sigthorsson s’arrête à mon niveau et se fût LA rencontre. Ce hasard inouï m’a permis d’avoir les révélations authentiques de cet Islandais et un des sauveteurs de l’équipage qui s’est échoué sur cette désertique plage immense de sable noir. Témoignage.

Sigurdur vit a côté du lieu du crash. Né en 1968, il avait 5 ans quand l’avion a fini son périple. Il vit toujours dans la ferme familiale. « C’était en 1973 j’avais 5 ans, je me souviens que les Américains me donnaient des bonbons… L’armée américaine l’US Navy, était basée ici durant toute la guerre froide (1951-1991), elle défendait l’île. C’est pourquoi nous parlons bien l’anglais en plus d’avoir plusieurs chaînes TV du Royaume-Uni. »
Grâce à lui, dès le soir même, je reçois pour le journal les photos de l’époque prises juste après l’atterrissage difficile de l’avion ! C’est Thorir N. Kjartansson l’auteur des clichés qui me narre via mail ses souvenirs (par l’intermédiaire de Sigurdur Sigthorsson) encore très présents de ce fait. Il a réalisé les photos juste après l’incident au moment du sauvetage. Voici ce qu’il me raconte en anglais :
« J’étais un membre de l’équipage de sauvetage de Vik c’était le 21 novembre 1973 (et non le 24 comme on le lit partout dans les médias). L’avion provenait de Hofn in Hornafjörður. La raison du crash est que le carburant a gelé. Personne n’a été blessé, tous ont été rapatriés via l’hélicoptère de l’armée. L’une des photos montre le moment où l’hélicoptère atterrit. Nous avons aidé les Américains de plusieurs façons et plus tard ils nous ont donné tout l’essence qui s’était échappée de l’avion, et nous avons pu conduire nos motoneiges pour tout cet hiver 1973, ou deux hivers. Le vent d’ouest était très fort ce jour là, l’équipe de sauvetage a assuré. »
21 novembre 1973 ©Thorir N. Kjartansson 20 juin 2019 ©Yanna Robert
L’équipage de l’avion a contacté la base américaine qui elle même a contacté l’association de prévention & accident dont l’équipe de sauvetage faisait en partie équipe. On compte 600 à 800 litres d’essence qui n’ont pas été récupérés par l’initiative de la famille du fermier Sigurdur Sigthorsson, ci-dessus précité comme raconte la légende.
Plus tard, l’équipe de sauvetage a été invitée à la base américaine de Keflavik. L’armée américaine a retiré une partie de l’anatomie de l’avion : les ailes, la queue, puis le fuselage abandonné qui souffre depuis des vents difficiles et du froid islandais, ce qui lui confère un charme particulier. L’avion n’est pas simple à visiter car éloigné de la route principale 1, il est à 4 km. Le chemin est long à pied et situé dans un endroit totalement immense et désertique mais offre un grand sentiment de liberté.
Le fermier m’indique que la vedette américaine Justin Bieber est venue tourner un clip pour sa chanson “I will show you”, mais comme il dit « depuis le nombre de touristes augmente et le gouvernement met à disposition un bus payant pour y accéder, pfff ». Mais pour les plus courageux, le bus n’est pas obligatoire on peut y aller a pied. Un crash à l’issue heureuse puisque « l’avion a surfé sur le sol » m’indique le fermier. Un avion fantomatique qui exerce une attirance quasi mystique…

Article : URBEX - Islande : l'avion cadavérique, écorché mais mondialement aimé Réalisation : Yanna Robert Mouvances Libres Photos : Yanna Robert / Thorir N. Kjartansson
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