ANTOINE DE MAXIMY ET LA TERRE QUI CONTINUE DE TOURNER

Rencontre en Bretagne avec l’audacieux reporteur sans frontière Antoine de Maximy, créateur de la célèbre série d’émissions J’irai dormir chez vous, dans le cadre de la sortie de son film : J’irai mourir dans les Carpates.
Entretien avec Antoine de Maximy pour la présentation de son film J’irai mourir dans les Carpates à Ploërmel en Bretagne. Le réalisateur va à la rencontre du public une véritable tournée marathon dans toute la France. Il fait la promotion de son film financé par des donateurs sur une plateforme Internet. Malgré la notoriété de ses reportages en tant que globe-trotteur qui s’invite chez les gens pour y dormir la nuit, le financement n’a pas été simple. « Si je suis là c’est grâce à vous » déclare t-il au public. « Si ma série de reportage est diffusée sur France 5 ce n’est pas parce que la télévision est intéressée par moi, mais parce que vous êtes nombreux à regarder ! », précise le réalisateur de 61 ans qui a parcouru une centaine de pays. Au passage, il pointe la qualité d’image du cinéma de Ploërmel en « 4K ? Vous avez de la chance ! » s’exclame le réalisateur suivi d’applaudissements destinés au cinéma de Ploërmel. L’échange avec le public fût sympathique voire chaleureux. Les spectateurs ont témoigné au réalisateur que ses films leur font du bien.
Après cet échange, il nous a accordé un entretien, il dit facilement « tu » et on a l’agréable impression de le connaitre depuis toujours.
Bien que le film soit qualifié de « comédie-thriller », l’intrigue apparente le film à un genre policier. Au-delà des images, la musique est soignée et accompagne le spectateur dans l’ambiance policière, qui est le compositeur ?
Le musicien est Xavier Polycarpe du groupe Gush (groupe français inspiré de groupes vocaux comme les Beatles, Prince ou Ennio Morriccone ) qui a été proposé par la maison de production : on a fonctionné tout de suite. Je ne voulais pas que la musique soit classique. Il a ajouté des compositions musicales de bruits. Je suis très content que vous la remarquiez car elle soutient le film, ce n’est pas une musique qui en fait des kilos et des kilos. Je voulais une musique dont on n’a pas vraiment conscience et qui nous emmène vers les sentiments et dans ce que l’on ressent.
Tout le film repose sur l’étude minutieuse de la monteuse d’images qui veut retrouver le personnage principal. N’est-ce pas une manière de mettre en avant le métier de monteur d’image et de faire l’image une alliée et non une ennemie voyeuriste?
Oui il y a une intrigue, oui il y a un comédie aussi, mais il avait plein d’autres aspects qui me donnaient envie de faire ce film. Et effectivement c’était de montrer ce métier de monteur. On ne connait pas cela. Ce qui m’intéresse dans une image filmée, la première fois que tu l’a découvres tu es pris par le contenu de ce qu’il se passe, et les deux, trois fois que tu regardes de nouveau, tu commences à regarder ailleurs. Ensuite, tu peux commencer à comparer les images pour observer l’information qu’elle te donne pour en déduire quelque chose. Le mariage du travail de la monteuse et de ce qu’est une image à différents niveau de lecture m’intéressaient beaucoup. Car la monteuse par rapport à l’image, elle est maitresse du temps. Une scène qui se déroule devant toi dans la vie, tu peux faire ce que l’on peut faire dans une salle de montage, qui consiste à arrêter l’image, revenir à l’arrière, zoomer dans l’image, aller voir des trucs que tu verras pas au premier abord. C’est pour ça que j’ai fait ce film, ce n’est pas uniquement sur ce qui m’arriverait vraiment si cela dérape durant mes voyages. Ce qui m’intéressait c’était l’enquête dans les images.

La monteuse interprétée par Alice Pol et l’inspecteur Max Bloulil est un tandem harmonieux de jeunes acteurs qui ont été remarqué dans des comédies. Mais il y a Stephan Wojtowicz plus âgé issu du théâtre. Le trio est sur un pied d’égalité en terme de ton et de jeu, cela est t-il voulu?
Tout à fait, Stephan a une grande carrière théâtrale et d’ailleurs nous avons le même médecin. Un jour le médecin fait une petite fiesta et je le rencontre. Je l’avais déjà vu jouer et lui il connaissait ma série J’irai dormir chez vous. Il me dit qu’il est surtout un comédien de théâtre, qu’il a joué dans 50 films, 50 jours de cachets .En gros, ça voulait dire qu’il a pas beaucoup « de jours » et toujours dans des petits rôles. Il est super bien car dans son jeu il est juste, et puis surtout il a une personnalité. Il est aussi bon dans un rôle de directeur de société multinationale que d’un chauffeur de taxi. Les comédiens roumains aussi sont excellents ! Je les choisis moi-même sur place, c’est mon premier casting que je faisais. J’arrivais à sentir qui était bon pour mon film. Et là en regardant le film je vois que le film roule.
En rentrant chez vous lorsque vous posez vos valises après tant d’aventures, que faites-vous et que ressentez-vous ?
Je suis dans une espèce de logique où je ne m’arrête pas vraiment. Si je rentre chez moi et que je ne suis pas complètement crevé, je ressors aussi sec pour aller voir les copains que je n’ai pas vu depuis un moment. Après ce film, je me sens fatigué. D’ailleurs je voulais prendre des vacances cet été, et en fait le distributeur m’a donné une tournée où il y a plus de 100 avant-premières. Mais je me suis battu pendant presque 10 ans pour faire ce film. Ce n’est pas au moment de la promo que je vais baisser les bras !
Article: INTERVIEW Antoine de Maximy et la terre qui continue de tourner Réalisation: Yanna Robert Photo: Yanna Robert
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