STREET ART – Il peint sur les murs le nom des DJs et labels techno-hardcore

Interview et reportage photos…
C’est lors de sa dernière réalisation que nous avons rencontré un artiste passionné qui a pour particularité, de peindre de ses lettrages imposants, le nom des DJs et label de la scène techno-hardcore.
Du graff et du hardcore
Une performance qui ne nous a pas laissé indifférent et que nous avons souhaité partager secrètement avec vous. Il est rare, voir manque à l’appel, les graffeurs qui peignent exclusivement le nom des autres…
Nous avons pu assister à l’élaboration du graff ci-dessous FUCKING HARDCORE. 10 heures de peinture non-stop sous un soleil de plomb et une chaleur écrasante de 31°C sous abris. 1 sandwich triangle, 3 bouteilles d’eau, quelques tafs sur la vapote, mais pas un instant il ne s’arrête. Toujours dans l’action, il marche au feeling avec les bombes de peinture qu’il vide les une après les autres. Sans cesse à prendre du recul pour être sur de pouvoir rentrer son lettrage de 15 mètres de long. C’est d’abord les traits, puis le remplissage, enfin il termine sur les contours et par ajouter quelques effets et garnitures. Une journée torride et intense, mais l’objectif est rempli.
Place à l’interview, l’acteur de ce concept qui se veut anonyme, se livre en exclu pour vous autour de ses photos. Il nous explique pourquoi il œuvre dans le monde de la peinture et du hardcore.
– Comment t’es venu l’idée de graffer le nom des DJs et labels hardcore ?
Je fais parti d’un collectif hardcore et je suis DJ depuis plus de 20 ans, cette idée elle m’est venue en 2013 car c’était le moment ou beaucoup d’artistes du milieu hardcore fêtaient leur 20 ans de carrière. Certains organisaient des grosses soirées et d’autres offraient à leur public des sons et des mix gratuitement. Ça m’a donné envie de leur faire plaisir… Je sais faire du lettrage, alors j’ai commencé par leur proposer… Pour la plupart, je les connaissais déjà. Je mix leurs productions depuis des années et ils font tous parti de mes références premières en matière de hardcore. Et puis ce sont des gens qui donnent beaucoup pour cette culture, ils produisent énormément et surtout et je le souligne, toujours dans le bon état d’esprit, on partage de bons moments et on est ensemble… Alors voilà ces peintures, ce sont mes cadeaux pour eux. En plus je sais que ces gars ils kiffent le graffiti aussi, car tout est lié… Underground techno, underground graffiti et le hip-hop aussi.
– Combien de réalisations as-tu fais à ce jour ? et pour qui ?
Une bonne dizaine mais je ne compte pas, j’en fais de temps en temps quand j’ai le feeling pour quelqu’un et qu’il est d’accord. Je veux simplement que se soit un moment de partage et de plaisir. J’ai commencé avec Tellurian, il est hollandais. Je suis souvent en Hollande et je fais des soirées là-bas. Puis j’ai enchainé avec Radium pour ses 20 ans, Dano pour ses 25, puis le label Français Sodom, le label le plus underground que je connaisse… et ça s’est enchainé.
– Parles-nous de ta dernière réalisation « Fucking Hardcore » …
Pour les 25 ans du label Mokum, ce label de Hollande actif depuis 1993… Je les ai connus avec Liza ‘N’ Eliaz, une artiste Belge qui faisait parti de Mokum et qui a beaucoup influencé la scène française. Les compilations et les soirées Fucking Hardcore, alors ce graff tombait sous le sens.
J’ai passé une journée à la cool à peindre pour eux. J’ai des amis qui m’ont aidé pour défricher le site et à préparer le mur. J’ai collaboré avec Trash, un artiste qui était chaud sur le projet et qui a fait un pochoir avec la tête de mort et le pochoir Mokum qui entoure le graff.
– Ton style dans le graffiti… On en parle ?
Pas vraiment, je ne me considère ni graffeur, ni artiste, je ne fais pas de vandal et je ne fais pas non plus de street art, moi je peins le nom des autres quand c’est possible. J’aime le style simple, clair et lisible. J’ai pour objectif que le lettrage ressorte bien, qu’il soit basique, un peu comme une pub… C’est de la communication… Je dessine très peu et je ne suis pas là pour faire des gribouilles au pinceau, moi je fais du Hardcore et pas du Hardcore trompette comme on dit par chez nous.
– Toi-même tu mixes, tu es DJ… Hormis les noms que tu as graffé, as-tu d’autres références dans le domaine ?
Oula, il y en a plein ! J’aime tous les styles de hardcore, surtout la Gabba, c’est un style très rave party, initié en Hollande dès 1993. J’aime aussi le hardcore français, j’ai plongé dedans, c’était dans une free party en 1995 en écoutant Tof Psy4x. Après j’ai entendu Manu Le Malin, ce mec est un virtuose, il te fait danser des milliers de personnes sur un style et une ambiance toujours bien dark, avec des skeud que jamais personne n’auraient mixé. Et lui il te l’impose et ça explose. Il y a Liza ‘N’ Eliaz aussi, grosse référence, elle qui arrivait a jouer à des vitesses impressionnantes ou Radium et ses combos de fou…
– Plutôt rave ou free party ?
Très bonne question, moi j’aime les deux. Le coté underground free party ou tu peux faire plein de connexions avec les milieux alternatifs. Mais ça ne m’a jamais dérangé de payer 20 ou 30 euros pour une teuf en Hollande ou dans un club sur Paris. L’important c’est l’état d’esprit des organisateurs, de savoir s’ils sont là pour l’argent ou la musique et c’est ce qui fait toute la différence.
– As-tu un autre projet de peinture à venir ?
Oui, j’ai ce nouveau projet pour un jeune DJ hardcore qui se bouge beaucoup pour le milieu et j’ai bien envi de faire ça pour lui, il le mérite. Je garde son identité secrète pour le moment.
– Au final c’est beaucoup d’investissement en temps mais aussi en argent, car les bombes de peinture, ça ne doit pas être bon marché ? Ça ne t’angoisse pas que quelqu’un te repasse ton graff ?
Bah une peinture c’est éphémère, c’est juste un bon moment passer à la cool, je veux juste avoir une belle photo en partant pour avoir un bon souvenir, alors ça ne m’angoisse pas. Les murs ne sont à personne, surtout qu’on va dans des endroits désaffectés. Justement c’est ça que j’aime dans le graffiti, tu arrives sur un spot et ça change tout le temps, il y a de la couleur et de la nouveauté et c’est le but du truc.
– Tu as un mot, une dédicace en mode libre pour clore cette interview ?
Ce qui est important c’est que le hardcore garde ses valeurs, son état d’esprit et que ça se diversifie. Pour clore… Merci à tous les potes et les amis du Hardcore et tous les artistes qui défoncent tout, ils se reconnaîtront. Je tire mon chapeau aussi à mes amis qui organisent encore des free party comme Frenetek ou Kraken… Respect.
Et gros big up à Tof la Carotte, Docteur Macabre, Têtes Brulées, Atomic Compressor GTI, Speed X, Laurent Hô mais aussi Mrik Furious, Moumouth Heretik, Fist of fury Armaguet nad, Frenetek, Kraken et pour mon ami Chiendelacasse de Tri-p Record qui se bouge pour sortir des vinyles… Gros big up à vous.
On vous laisse avec de beaux graff et de la musique hardcore pour vous permettre d’écouter qui se cache derrière ces noms peints sur les murs…. Et chez Mouvances Libres, du graffiti et du Hardcore on a décidé d’appeler ça du GraffCore… Parce que j’en veux encore. À bientôt pour de nouvelles découvertes !
Tellurian – F**king Hardcore (Mokum Records)
Armaguet Nad – Mix @ K-Bal Party (2004)
Radium & Micropoint – Live @ Skyrave
DJ Leviathan – Machines in Motion
Frantic Freak – Voyage à ravers l’ère française
Dj Dano vs Chosen Few – D2E The Blueprint of Hardcore
DJ Arjuna – Shoot that Motherfuck
Article : STREET ART – Il peint sur les murs le nom des DJs et labels techno-hardcore
Réalisation : Jean Thomas
Mouvances Libres
vasi fau fair un tag dartek
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