URBEX – Privation de liberté et monde carcéral

Le monde carcéral, un univers méconnu que nous allons tenter de vous faire découvrir par la visite d’une ancienne prison du nord de la France, fermée en 2011 pour cause de grande insalubrité…
Un monde carcéral
Sombre, lugubre, austère ? Il n’y a finalement pas de mots pour décrire précisément l’ambiance qui règne dans cette prison. Libéré de ses occupants, vidé de ses biens et laissé à l’abandon, cet immense espace s’offre au grand jour pour révéler toute son histoire.
C’est pourtant un véritable chef-d’œuvre de l’architecture, qui se dresse telle une immense forteresse imprenable, totalement impénétrable. Ses murs d’enceinte de plusieurs mètres de hauteur, coiffés de magnifiques barbelés qui dans la perspective, créent un effet de spirale sans fin, où se trouve à chaque coin, les fameuses tours de guet caractérisant si bien l’architecture des prisons.
Ici, nous parlons d’architecture pénitentiaire. Tout est fait pour empêcher les légendaires tentatives d’évasion. Pour pénétrer dans les lieux, il faut franchir les portes et les portails blindés. Chaque coin, chaque couloir est sous surveillance permanente… La prison, un lieu de très haute sécurité, le haut lieu de la privation de liberté.

La prison et son histoire
Lorsque nous remontons dans le temps, c’est au début du 19ème siècle qu’est prise la décision de construire cette prison, dans les murs d’un ancien dépôt de mendicité. Constituée d’une maison centrale de détention et d’une maison de correction. C’est dans les années 1820, après des années de travaux, que fût officiellement inauguré cet établissement pénitentiaire massif, dont les façades aux briques teintées de rouge et de brun, sont ornées de sculptures… ce qui lui donne un aspect tout particulier.
À l’époque, les bagnards étaient mis au clou. Entassés au cachot ou bien mis à la chaîne. Sans omettre quelques exécutions, généralement sur la place centrale pour donner l’exemple et faire un peu de place. Cela n’empêche pas quelques mutineries et évasions spectaculaires. La prison était souvent surpeuplée et le personnel pénitentiaire avait déjà du fil à retordre.
Au début du 20ème siècle, le lieu évolue, se modernise et s’agrandit avec un bâtiment en tripale et sa rotonde afin de se transformer en un grand centre pénitentiaire. On construit un réfectoire, des douches pour l’hygiène et des ateliers pour offrir aux condamnés la possibilité d’une réinsertion par le travail. Malgré tout, les problèmes restent les mêmes. Autrefois entassés, aujourd’hui mis en cellule, au trou, en tôle, au placard, au goulag, au gnouf, au mitard… on devrait plutôt dire : « en enfer ».

Voici une vidéo réalisée dans la prison. Une visite hors du commun qui vous donnera des frissons… Bon visionnage.
La vie des enfermés
Une cellule fait 5 à 6m2 et peut accueillir, lorsque la prison est surpeuplée, jusqu’à 6 personnes grâce aux lits superposés. Avec un toilette et un petit lavabo, ça ne laisse pas de quoi faire les cent pas. Généralement 3 à 4 par cellule, il est important de bien s’entendre. L’isolement seul n’est valable que dans les QHS (Quartier Haute Sécurité). Quand l’intimité d’un être disparaît, c’est toute son âme qui s’évade.
S’ajoute le bruit incessant des cris, des insultes, des pas qui résonnent, des judas qui s’ouvrent dans un frottement métallique, du bruit des clefs et des verrous qui s’ouvrent et se ferment dans un perpétuel fracas.
Les murs transpirent de toutes leurs histoires de vies enfermées, cloisonnées, condamnées, emprisonnées… totalement privées de leur liberté. Même bénéficiant d’un personnel compétent pour l’encadrement et assurer le lien social, une prison demeure une prison, toujours insupportable pour ceux qui s’y trouvent enfermés. Ici, tout n’est que portes et barreaux en fer, isolement, quartier, étage, numéro de cellule.
Rythmé par les repas, la douche, les discutions avec les nouvelles relations ou compagnons de galère et 2 heures de promenade par jour sous la surveillance des matons. Un peu de réconfort ou une brève évasion avec les courriers, une visite au parloir, un petit passage à l’infirmerie… On comprend après la découverte de cet univers que la réinsertion des condamnés est un sujet très délicat.
Un monde carcéral, un univers à part
On ne peut pas vraiment se mettre à la place d’un enfermé, ni même réellement définir cet environnement si particulier que définie le monde carcéral. Si vaste, si complexe, que nous ne pouvons pas le résumer en quelques lignes.
Ne reste qu’une lueur d’espoir à regarder, par l’unique fenêtre barreaudée, ce rayon de soleil… généralement accroché à un petit morceau de ficelle.

Article : URBEX – Privation de liberté et monde carcéral
Réalisation : Jean THOMAS
Photos : Jean THOMAS
Vidéo et montage : Mathieu M. / Mouvements Libres
Mouvances Libres
magnifike
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